Pourquoi e-VAL ?
Les pays du sud, particulièrement le Maroc, font actuellement face à un besoin impératif d’améliorer l’employabilité de leurs diplômés. Face à la massification généralisée (taux d’accroissement annuel des bacheliers de 12% à partir de 2010) que connaissent les universités marocaines, l’effectif des diplômés est amené à évoluer de manière quai-exponentielle.
En 2004, les Universités marocaines comptaient quelque 17000 diplômés. Dix ans plus tard, ils étaient près de 80000. Cet accroissement se traduira dans les 5 prochaines années par une pression très forte sur le marché du travail appelant donc à la mise en œuvre d’actions appropriées formation-emploi. Au Maroc, la problématique de l’insertion professionnelle est au cœur des plans stratégiques. D’ailleurs, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres a élaboré un plan d’actions (2013-2016) reposant sur six grands axes dont le premier vise à consolider les capacités d’intégration des lauréats universitaires dans le marché du travail.
Les efforts se sont largement concentrés sur l’amélioration de l’adéquation des formations avec le marché de l’emploi, sur la diversification de l’offre universitaire, de l’ouverture de formations professionnalisantes et de la mise en place d’une dynamique partenariale Université-environnement socio-économique de plus en plus accrue. De nombreuses initiatives ont permis de penser et d’implémenter des structures visant ce rapprochement : services d’accueil et d’orientation (Tempus Vietud 543690-TEMPUS-1-2013-1-ES-TEMPUS-JPHES), mise en place d’incubateurs et de pépinières pour la création d’entreprises par les étudiants (Tempus Deven3c 543944-TEMPUS-1-2013-1-ES-TEMPUS-SMHES), développement de la mobilité des enseignants et des étudiants (programme Erasmus Mundus)…. Force est de constater que beaucoup reste à faire ; le taux d’insertion professionnelle est loin de satisfaire les prévisions puisque 18,8% de la population active au chômage est diplômé de niveau supérieur particulièrement les diplômes des facultés (22,1%) (Rapport Haut Commissariat au Plan, 2013, p.48). Cette situation appelle à trouver des alternatives pratiques facilement applicables pour faciliter l’intégration des diplômés sur un marché du travail en pleine croissance. Notons que le Maroc s’est lancé depuis plus d’une décennie dans une dynamique reconnue au niveau international déclinée en plans sectoriels de développement avec des encouragements à l’investissement, l’amélioration du climat des affaires et des mesures de promotion de contrats programmes entre l’Etat et les entreprises (Vision 2020 Tourisme, plan Rawaj Commerce, Vision 2015 Artisanat, Plan Maroc Vert agriculture, Pacte National pour l’Emergence Industrielle…).
L’intermédiation sur le marché de l’emploi revient à l’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC). Créée par le gouvernement en 2000, cette agence agit pour la promotion de l’emploi des jeunes à travers des programmes dédiés (Idmaj, Taehil, Moukawalati, Moubadara) et d’un nouveau plan d’actions appelé Anapec 2020.
Le souci du Consortium du projet e-VAL est de répondre de manière adéquate à une situation ambivalente que nous avons essayée de synthétiser dans ce qui précède : un tissu socio-économique dynamique et un taux de chômage des diplômés important. Il nous semble que si beaucoup d’efforts ont été consentis de part et d’autres, c’est dans l’interface ou la connexion Université-Monde socioéconomique que doivent être désormais concentrés les efforts.
Face à des entreprises qui souhaitent trouver des profils adéquats et opérationnels, les jeunes sortent de l’Université avec des acquis sous forme de connaissances et de compétences (soft-skills) qu’ils regroupent et présentent sous la forme de curriculum vitae (CV) qui est la première porte vers l’insertion professionnelle. Mais à l’heure du numérique, le CV papier reste un document trop linéaire alors qu’en réalité, les parcours sont plus complexes et plus multiples. De plus, ce document de présentation du profil de l’étudiant ne s’est pas adapté à la complexité des modes et canaux de communication actuels. Les lauréats des universités marocaines doivent pouvoir se présenter numériquement.
Actuellement, l’étudiant marocain doit pouvoir penser son insertion professionnelle en faisceau de constructions, de preuves et de démonstrations de compétences. Justement, la démarche e-portfolio s’inscrit dans un mouvement au cœur des transformations numériques. Il s’agit de mettre en capacité et d’encourager l’étudiant à construire sa vie par lui-même, à se construire et à construire son itinéraire afin de mieux le présenter. Nous sommes intimement convaincus que le recours à la conception d’un e-portfolio contextualisé et l’implémentation d’une plateforme-interface dynamique e-VAL a vocation à construire et valoriser les acquis académiques et extra-académiques de l’étudiant tout en s’inscrivant dans une démarche d’apprentissage tout au long de la vie. Ce projet vise l’intégration de plusieurs perspectives soutenues par le Processus de Bologne auquel le Maroc adhère : l’approche orientée « compétences », la mise en place de système de reconnaissance des acquis académiques et des diplômes (Projet Cremar 543709-TEMPUS-1-2013-1-FR-TEMPUS-SMHES), la valorisation de la maturité des étudiants dans la conduite de leurs études ainsi que de leur insertion professionnelle.
Objectifs du projet ?
Le projet propose d’implémenter au sein des universités marocaines partenaires la plateforme e-VAL basée sur la démarche e-portfolio. L’objectif premier est de contribuer à l’amélioration et la valorisation des acquis de la formation et des expériences au sein des universités marocaines, de favoriser la reconnaissance et la valorisation des compétences, des acquis de l’expérience, des apprentissages formels, informels, non formels tout au long de la vie, en s’appuyant sur une démarche réflexive de l’apprenant. Il s’agit également de permettre aux entreprises d’avoir une meilleure visibilité des compétences des étudiants et lauréats, et ce même avant l’obtention de leur diplôme. Le projete-VAL est le fruit d’une réflexion profonde autour de la question épineuse de l’employabilité des lauréats marocains mais également face à la non adéquation actuelle de la relation qu’entretient l’étudiant avec le milieu socio-économique. Au cœur de ce projet, nous plaçons la culture de l’identité numérique de l’étudiant (e-réputation), une meilleure gouvernance des universités via le développement de sa visibilité numérique et une meilleure lecture des compétences des universités (étudiants ou lauréats) à la source de la part des entreprises.
Les objectifs du projet e-VAL sont déclinés autour de trois acteurs :
- Côté étudiant : Le projet e-VAL permettra aux étudiants de capitaliser leurs expériences tout en apportant les preuves de la maîtrise de compétences (scientifiques, d’ingénierie, sociales, etc.). Il permettra de mettre en évidence la validation, la certification ou la valorisation de ses acquis de l’éducation, de la formation ou de l’expérience. Grâce à cet outil, l’étudiant aura l’opportunité de mettre en avant un parcours de formation initiale et continue et d’accompagner son insertion professionnelle (stages ou embauche) ou son développement personnel et professionnel tout au long de la vie. Globalement, e-VAL permet de cultiver son identité numérique (obtenir une lisibilité professionnelle sur Internet) et ainsi se démarquer par la singularité de ses expériences, de ses projets et de son parcours.
- Côté entreprise : il est nécessaire tout au long du projet de faire connaître la démarche e-portfolio aux chefs d’entreprise et aux employeurs, en incluant les Directions des Ressources Humaines. D’ailleurs, l’implication active de l’Association des Femmes Chefs d’Entreprises du Maroc dans le projet est un gage de réussite. Il convient que les acteurs économiques s’approprient le concept en en comprenant tous les enjeux pour pouvoir l’exploiter dans la détection des compétences requises. e-VAL permettra à l’employeur de poser un regard plus complexe et juste sur les connaissances linguistiques et interculturelles d’un candidat, de suivre et améliorer la gestion des compétences et les manques de connaissance (permettre aux employeurs d’embaucher avec plus d’efficacité), de savoir les compétences existantes dans le marché et de pouvoir recruter le bon élément au meilleur poste. e-VAL permettra également à l’ensemble des entreprises de fournir les informations sur leur activités, de proposer des stages, etc.
- Côté université : Il est indispensable de pouvoir diffuser l’information sur l’offre de formation de l’Université, assurant ainsi une meilleure visibilité des diplômes. Chaque lauréat est un ambassadeur de son université qui pourra ainsi développer sa notoriété au delà des frontières, contribuant ainsi à la construction numérique de l’espace marocain de, l’enseignement supérieur et de la recherche. A cet égard, l’implication du Ministère marocain de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de la Formation des Cadres est un socle solide pour la reconnaissance nationale de la démarche e-portfolio et de l’assurance de la pérennité de l’outil développé.
Etapes
- Etats des lieux et orientations (enquête questionnaire)
- Formation des équipes
- Spécification et conception de la plateforme
- Validation et expérimentation
- Mise en place et réingénierie
Partenaires européens :
Partenaires Marocains :
Partenaires socio-économiques :